NOUVELLE-ZÉLANDE -> INDONÉSIE, LE DÉFI DU BATEAU STOP

Tanguy et Dune sont deux étudiants de Seatech en année de césure. Après leur stage de deuxième année en Nouvelle-Zélande, ils se sont donné le défi de rentrer en France sans prendre d’avion. Sur le chemin, ils rencontrent des personnes engagées et réalisent des reportages sur leurs projets écologiques et solidaires.
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https://www.lavoiedelengagement.com/

En attendant, voici un extrait de leur newsletter Nouvelle-Zélande - Indonésie : le défi du bateau stop“

Chers aventuriers,

Comment rejoindre l’Indonésie par bateau ? Comment quitter la Nouvelle-Zélande sans prendre l’avion ? Est-il possible de naviguer en cargo ? Et comment trouver un voilier quand tu n’as pas d’expérience ?

Dans cette newsletter, nous allons vous raconter comment nous avons échoué à quitter la Nouvelle-Zélande pour rejoindre l’Indonésie par bateau ;) On vous donnera nos astuces et nos conseils - parce que les échecs sont formateurs !

Notre objectif initial était ambitieux : trouver un bateau pour rejoindre l’Indonésie directement depuis la Nouvelle-Zélande, ou éventuellement en faisant escale en Australie ou dans les îles du Pacifique.

Deux options s’offraient à nous : embarquer sur un voilier ou opter pour un cargo.

“Un cargo ? C’est super polluant, non ?”

D’après l’OMI (Organisation Maritime Internationale), le transport maritime représentait 2,2% des émissions de CO2 en 2012. Cependant, au vu de sa grande contenance, le cargo est le moyen de transport de marchandises le moins polluant ! Aussi, le service principal offert par les cargos n’est pas, contrairement aux avions, le transport de passagers : avec ou sans nous, le cargo effectue son trajet, et notre demande ne répond pas à une offre.

Naviguer à bord d’un cargo offre le confort de voyager en tant que simple passager, avec des cuisiniers et des installations comme des salles de sport.

L’inconvénient, c’est qu’un cargo met plus de temps à arriver à destination que n’importe quel autre bateau : il fait beaucoup d’escales et est lent. Aussi, nous avions entendu qu’être passager à bord d’un cargo est très cher. Nous pensons que cela dépend des cargos, s’ils ont des chambres réservées aux passagers (et donc qu’ils ont l’habitude de proposer ce service) ou non.

Mais comment trouver un cargo ?

Nous avons exploré les itinéraires des cargos passant par les ports néo-zélandais. Le site fluent cargo nous a été très utile ! Il fournit des détails précis comme le port de départ, le port d’arrivée, les escales, la durée du trajet, la compagnie maritime, et même la référence du bateau. Grâce à tous ces détails, nous étions en mesure de contacter la compagnie en précisant le trajet qui nous intéressait (en l’occurrence, NZ vers Indonésie ou NZ vers Australie ou Australie vers Indonésie). Si la compagnie possède des bureaux dans la ville où vous vous trouvez, nous vous conseillons d’y aller en personne, mais nous pensons qu’il n’est pas utile de se rendre au port car impossible d’y rentrer à cause de la sécurité

Nous avons appelé et envoyé des mails à plus de 33 personnes de 4 compagnies différentes : Cargo, CMA CGM, Maersk et Swire. Les réponses ont été rares et toutes négatives pour des questions de sécurité à bord (?).

Nous avons aussi essayé de passer par des agences spécialisées dans le transport de passagers à bord de cargos. Seulement, il semble que depuis le covid, ces agences n’exercent plus : leurs sites ne sont plus actifs depuis quelques années et nos tentatives de contact restent sans succès.

Nous pensons donc que depuis le Covid, les cargos ont restreint leur accès à leur personnel. Après de nombreux efforts, nous avons abandonné cette idée.

Comment trouver un voilier ?

Notre deuxième option était de naviguer vers l’Indonésie en voilier : beaucoup plus sexy !

Plusieurs sites web nous ont été très utiles : Findacrew, Bourse aux équipiers, Sail the world, Equipier.fr, Ocean crew link, Crew bay … On les regardait presque tous les jours, et on a contacté beaucoup de capitaines grâce à eux !

En même temps, on a rejoint plus de vingt groupes Facebook pour poster notre annonce et pour prospecter. Nous pensons que les plus gros groupes Facebook, spécialisés dans la recherche de bateaux et d’équipiers (par exemple Crew Finder), sont surchargés et il est donc difficile de se démarquer des autres équipiers. Nous avons eu plus de contacts en écrivant sur des petits groupes locaux de marins (Northern Territory Sailors ou Opua Cruisers Net Group par exemple).

Petit conseil si vous cherchez un bateau : publiez une annonce visuelle ! Nous avons eu plus de réactions à notre annonce “photo” qu’à notre annonce écrite. Aussi, mettez l’accent sur vos compétences : jouer d’un instrument, cuisiner, prendre des photos, le surf, la plongée … Les capitaines privilégient souvent le dynamique et les centres d’intérêt plutôt que l’expérience.

On a aussi appelé beaucoup de marinas, mais celles-ci ne peuvent pas nous donner de contacts et la plupart nous redirigeaient vers des groupes Facebook, ou nous conseillaient de venir mettre une annonce sur leur tableau d’affichage.

Malgré tous ces efforts, nous n’avons pas trouvé de bateau quittant la Nouvelle-Zélande. Nous pensons qu’il y a plusieurs raisons :

  • On travaillait à Dunedin jusqu’à fin septembre pour nous faire des sous pour notre projet, et on cherchait donc à quitter la Nouvelle-Zélande à partir de début octobre. Sauf que dans le sud-ouest du Pacifique, la saison des cyclones s’étend de novembre à avril. En octobre, la plupart des voiliers reviennent donc en Nouvelle-Zélande après avoir passé leur été dans les îles. Ce n’était pas la période idéale pour notre itinéraire, et nous ne pouvions pas attendre mai, le début de la “bonne saison”.
  • Aussi, travailler à Dunedin ne nous a pas permis d’aller visiter les marinas de l’île du nord, où il est plus probable de trouver un voilier (celle d’Opua et d’Auckland sont les plus fréquentées). On conseille vraiment de se rendre aux marinas !
  • La mer Tasman est connue pour être très turbulente : la route NZ - îles Pacifique - Indonésie est donc plus fréquente que celle qui passe par l’Australie. Difficile quand on est peu expérimentés !
  • Je pense que nous avions sous-estimé la distance entre la Nouvelle-Zélande et l’Indonésie, équivalente à celle entre la France et l’Inde ! Trouver un bateau qui fait cette distance n’est pas si évident.

Le plan B

En épluchant tous ces groupes facebook, ces sites et les itinéraires des cargos, on a remarqué que beaucoup de bateaux qui se rendent en Indonésie font une escale à Darwin, en Australie : c’est la métropole la plus proche de l’Asie. On pense alors que c’est en se rendant directement là-bas, en visitant les marinas, et en rencontrant des gens que l’on aura le plus de chances de trouver un bateau. La plupart des marins ne passent pas en ligne pour trouver des équipiers.

Malgré tout déterminés à limiter l’avion, nous avons examiné l’empreinte carbone des différents trajets qui nous intéressaient (moyenne de plusieurs sites de calcul d’empreinte carbone, dont My Climate, ADEME, Bon Pote…) :

  • Auckland-Sydney : 351 kg
  • Darwin-Denpasar (Bali) : 404 kg
  • Auckland-Denpasar : 1,1 tonnes
  • Auckland-Darwin : 852 kg.

On décide alors de prendre un avion Auckland-Sydney, et de rejoindre Darwin en auto-stop (voir notre newsletter sur l’Australie pour plus de détails sur cette aventure). Si jamais on ne trouve toujours pas de bateau là-bas et qu’on doit prendre un avion de nouveau, on aura quand même limité notre impact !

Arrivés à Darwin le 13 octobre, on affiche notre annonce dans les marinas et clubs de navigation de la ville. Bien qu’on entend souvent dire qu’il est trop tard pour naviguer vers l’Indonésie et que les voiliers ont déjà levé l’ancre à cette période, on fait également la rencontre de marins qui affirment que c’est la “dernière fenêtre” avec des conditions idéales pour partir

Dès le premier jour à Darwin, nous faisons la connaissance d’un jeune couple belge-néerlandais, Ils venaient d’acheter un voilier qu’ils devaient rénover avant de partir aux îles Raja Ampat, au nord-est de l’Indonésie. On échange nos numéros, et ils nous contactent quelques jours plus tard pour nous proposer de venir avec eux, départ prévu le 5 novembre ! On est ravis, mais impossible pour nous de nous rendre aux îles Raja Ampat sans prendre un avion par la suite pour rejoindre l’Indonésie du sud-ouest ou le continent asiatique. En étudiant leur itinéraire, on décide de partir avec eux et de quitter le voilier sur l’île de Saumlaki. De là, un ferry de la compagnie nationale Pelni nous permettra de rejoindre Bali le 12 novembre. Les traversées de cette compagnie sont rares et difficiles à prévoir pour le trajet qui nous intéresse, donc pas question de rater celui-ci.

Quand les propriétaires du voilier nous annoncent qu’ils ne partiront finalement pas le 5 et sont incapables de nous donner une autre date de départ, le stress est grandissant. Ils cessent finalement de répondre à nos messages, nous laissant désespérés. Mais c’est aussi cela, le bateau stop : trouver un bateau, s’investir dans le projet, faire des recherches sur l’itinéraire et l’après, pour finalement se rendre compte que nos plans respectifs ne correspondent pas. On prend conscience que pour faire du bateau stop, il faut être très flexible, tant au niveau du calendrier que de l’itinéraire. Malheureusement, notre manque de flexibilité, dicté par notre impératif de retour en France avant septembre 2024, et notre volonté de minimiser l’avion nous rendait dépendants des trajets des transports en commun maritimes et terrestres, parfois rares et hasardeux.

On vole en éclats

Nous avons finalement pris un avion Darwin-Bali. Après tant d’efforts, cela nous a beaucoup démoralisés. Mais nous le savions, traverser deux mers, c’est pas évident ! Surtout à cette période de l’année.‍ Nous sommes quand même prêts à retenter l’expérience du bateau stop dans le futur. Mais cette fois, pas comme moyen de transport d’un point A à un point B, mais seulement pour l’expérience de la navigation.‍ On espère que vous avez apprécié cette newsletter. Elle nous tient particulièrement à cœur, car elle témoigne d’un projet qui nous a pris beaucoup de temps et d’énergie. Nous sommes passés par toutes les émotions ! On espère aussi que notre expérience sera utile à des personnes ayant le même objectif que nous.

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